mardi 4 décembre 2007

Les raisons de la colère

Je sais pas pour vous mais pour moi elles sont tellement nombreuses ces derniers temps que je ne savais même plus quoi écrire. C'est peut être la fin d'année qui veut ça (depuis certains évènements tragiques, ce n'est pas spécialement ma période préférée) mais je n'ai de cesse de m'énerver, de me désespérer ou de lamenter face à ce qui fait l'actualité, aussi bien en France que dans le monde en général. Face à cette situation, je ne savais pas par où commencer. En plus, cette multitude de sujets d'énervement, ça prend un temps fou pour y réfléchir, lire sur le sujet, se renseigner, prendre connaissance des différents avis sur le sujet et surtout le plus dur de tout: se départir de ses premières impressions sur un sujet. Enfin bref vous l'aurez compris, j'ai passé ces dernières semaines à faire de la branlette intellectuelle. Ca sert pas à grand chose mais que voulez vous, je ne peux pas m'en empêcher. Et je ne peux résister non plus au besoin de dire ce que je pense, de dire que je ne suis pas d'accord et que de toutes façons, je comprends pas comment on peut penser différement de moi tellement je suis beau, intelligent, fin, spirituel et monté comme un âne. Bon ça c'est fait....



Je disais donc avant de m'interrompre qu'il fallait que je donne mon avis. Surtout quand celui ci semble clairement minoritaire dans le pays dans lequel je vis. Je suis pas le dernier des Mohicans, loin de là mais quand même... Quand je suis en train de regarder la télé ou que je vais à la fac, je me sens un peu seul. Enfin bon, heureusement j'ai ce truc pour déverser mes frustrations. Cela dit, c'est un peu facile de ma part tout ça. La logique voudrait que je m'engage plus fermement encore que je ne le fais maintenant pour défendre mes idées. Mais bon, je ne me sens ni les capacités ni vraiment l'envie de le faire pour le moment. C'est un peu gonflé de ma part dés lors de la ramener. Mais ma mère vous le dirait si vous la connaissiez, c'est plus fort que moi je peux pas m'empêcher de l'ouvrir, ma grande gueule.




Bon ceci étant dit et posé, par quoi commencer. J'ai déjà dit ce que je pensais de la réforme des régimes spéciaux mais j'engage tous ceux que le sujet des retraites intéresse à lire le dossier sur la dérive inégalitaire des réformes du régime de retraite dans le numéro de Novembre d'Alternatives Economiques. C'est passionant et très instructif. Ca me conforte dans ce que je disais auparavant: la réforme par la seule augmentation de la durée de cotisation, ça ne mènera qu'à une seule chose, la baisse des pensions versées. Et c'est logique, plus vous augmentez le nombre d'années de cotisation nécessaire pour avoir une retraite complète, plus il y aura de salariés qui n'arriveront pas à atteindre ce quota. A cela plusieurs raisons: les entreprises rechignent à garder des salariés de plus de 55 ans (ça coûte évidemment plus cher qu'un petit jeune kinenveu comme disait les Deschiens); la non prise en compte de la pénibilité (les négociations sur le sujet n'aboutissent pas, le Medef freinant des 4 fers) qui fait qu'on préfère mettre en invalidité ou en pré-retraite des gens qui parfois veulent et peuvent encore travailler pour peu qu'on prenne en compte leurs douleurs, maladies ou handicaps; certaines dispositions règlementaires qui font que soit les salariés sont mis d'office à la retraite passé un certain âge ou que soit les modes de calcul des années cotisées sont particulièrement défavorable aux salariés etc etc...
La réforme Balladur de 1993, la Fillon de 2003 et celle qui va avoir lieu, ont donc comme principale effet une baisse des retraites. Tout cela alors même que les statistiques démographiques indiquent un renversement de tendance plutôt favorable à moyen terme. Bref on prend des mesures à la va vite pour montrer à son électorat qu'on est pas des fillettes, que les gauchistes on en mange une dizaine au petit déjeuner et qu'on va les mettre au boulot ces fainéants... Lamentable, pathétique, affligeant.... Encore une fois, il faut que tout le monde se réunisse et discute de ce problème. Il faut vraiment qu'on regarde les autres moyens de réforme au lieu de se focaliser sur la durée des cotisations. Enfin bref, je me répète mais vous m'aurez compris (enfin j'espère, sinon dites le moi).




Allez je continue de faire mon économiste du Dimanche, parlons pouvoir d'achat. Le gouvernement nous propose de racheter nos RTT. C'est déjà possible mais il faut un accord au préalable. Cet accord doit être soit un accord collectif d'entreprises, soit un accord de branche permettant de créer un compte épargne-temps. Le gouvernement voudrait simplement supprimer l'accord comme préalable à la mise en place ces comptes. Rien de révolutionnaire donc. Le problème c'est à quel taux on vous rachète vos journées de RTT... Si on le fait à celui des heures supplémentaires alors effectivement ça peut être intéressant pour ceux qui ne peuvent pas utiliser toutes leurs journées dans l'année. Mais si on le fait à celui des heures normales, alors on met fin en douce aux 35h (responsables de tout si on en croit la droite) voir même on instaure une durée du temps de travail à la carte suivant les accords dans les entreprises. C'est ni plus ni moins ce que demandait Laurence Parisot. Formidable. Il est vrai qu'il faut absolument réhabiliter la valeur travail. Tout les observateurs le disent alors c'est que ça doit être vrai. Ca sous-entend que les français sont des feignasses et qu'ils devraient avoir honte de ne pas aimer leur travail. Une belle brochette d'abrutis et de faux culs que ceux qui osent affirmer ou sous-entendre de telles saloperies. Beaucoup de français aimeraient pouvoir un travail à temps complet, ce n'est pas faute de chercher mais aujourd'hui le recours à l'intérim et au temps partiel explose. Dés lors ils font avec ce qu'ils ont. Et ceux qui ont des CDI n'ont ni la sécurité de l'emploi et leurs salaires n'ont vraiment rien d'exceptionnel. En plus c'est de la fumisterie de dire qu'on travaille moins que les autres pays. Selon les statistiques de l'OCDE, un français travaille en moyenne 1500 heures par an ce qui fait plus qu'en Allemagne, Norvège,
Pays-Bas ou encore qu'en Autriche. Nous sommes à égalité avec la Suisse. Evidemment nous travaillons moins d'années que la plupart de ces pays surtout à cause du taux d'emploi très faible des plus de 55 ans (voir plus haut) et on compense par une productivité horaire inégalée parmi les pays de l'OCDE (à l'exception de la Norvège qui est un cas particulier du fait de sa manne pétrolière et gazière). Alors vous comprendrez que ceux qui disent qu'il faut travailler plus pour gagner plus me donne envie de leur faire bouffer mon caleçon (et un de ceux que j'aurai porté quand j'ai la gastro tiens). Si on rajoute à ça le fait qu'on veut libéraliser le travail le Dimanche, le tableau est complet. Dans le Libération d'aujourd'hui, il y a un article sur les salariés de Conforama qui sont en grève pour avoir une augmentation de salaire. Beaucoup d'entre eux expliquent qu'ils sont obligés de travailler le Dimanche s'ils veulent pouvoir gagner 1300 euros par mois... Ah ça effectivement, c'est de la libération de pouvoir d'achat... Non mais de qui se moque t'on? Ne serait il pas préférable d'abord de faire en sorte que les salariés soient rémunérés à la hauteur du travail qu'ils fournissent? Qu'on ne vienne pas me dire que la concurrence mondialisé empêche cela! On va quand même pas essayer de concurrencer les coups de production d'un dictature communiste d'1 milliard d'habitants? Parce qu'à ce jeu là, on sera toujours perdant. On ferait mieux d'investir dans la recherche, l'innovation. Produisons ce que les autres n'ont même pas eu l'idée de produire. C'est seulement à ce prix là qu'on arrivera à faire baisser le chômage durablement. Et on peut promouvoir cela grâce à des éxonérations fiscales, ce sera toujours plus acceptable que de laisser le fisc faire des chèques à des contribuables bénéficiaires du bouclier fiscal. Ces gens là n'ont vraiment pas de face pour oser réclamer du fric dont ils n'ont, pour l'immense majorité d'entre eux, pas besoin. Ils mériteraient de goûter à mes caleçons tiens. Enfin bref, vous voyez ce que j'en pense de tout ça et vous comprenez mon courroux. Et encore je n'ai pas évoqué notre bon roi qui félicite Poutine pour la victoire lors des "élections législatives" de son parti Russie Unie, qui dit que le Tibet et Taïwan appartiennent à la Chine... On parlait de rupture aussi sur les droits de l'homme. Je constate qu'il n'en est rien. Je dirai même que c'est pire. Mais bon....

Allez pour finir, parlons de choses plus joyeuses. Les fêtes de fin d'année approchent et en Alsace c'est l'époque de la bière de Noël (que j'adore personnellement) et surtout des marchés de Noël. Le plus connu de tous est le Christkindelmärik de Strasbourg. C'est le plus connu car c'est le plus grand et qu'il est dans un cadre assez sympathique puisqu'il est partagé entre la place Broglie et la place de la Cathédrale. La nuit, entre les illuminations du marché et celles de la Cathédrale, le spectacle ne manque pas de charme.















Mais bon, faut pas être agoraphobe. Moi je ne fais plus attention depuis longtemps: je vais tout droit et tant pis pour ceux qui ne s'écartent pas (avis à ceux qui voudraient faire de même, je déconseille fortement cette technique aux moucherons, paralytiques et autres microbes qui voudraient jouer les durs et risqueraient de tomber sur un touriste norvégien à la carrure de bûcheron et que le vin chaud aura rendu un brin susceptible). Les produits en vente dans les stands sont bien souvent assez chers et faut vraiment aimer les bibelots et les guirlandes lumineuses. La plupart des strasbourgeois y vont pour manger et boire, point barre. C'est une sorte d'énorme cafétéria de plein air (site officiel: http://www.noel-strasbourg.com/ ). Pour ceux qui voudraient faire dans le plus intime, je conseille ceux de Kaysersberg et de Colmar. Le premier a une excellente réputation. La ville est très belle, le marché est à visage humain et on y rencontre pas mal de très bons artisans. En plus, il y a quelques pâtisseries dans la ville qui valent le détour (site officiel: http://www.kaysersberg.com/kaysersberg/manifestation/noel/ ). Quand à celui de Colmar, là ça vaut surtout pour le décor. La ville est aussi très belle. Par contre, même si c'est moins étouffant qu'à Strasbourg, évitez les Samedi après midi et les Dimanches. Et le marché en lui même est assez quelconque mais ça fait une belle balade.


Kaysersberg by night


Voilà, je crois que je vais finir sur cette carte postale de ma région. C'est un peu cliché mais en même temps, c'est devenu un vrai business donc c'est aussi un peu de notre faute. Et puis dans beaucoup de petits villages, vous trouverez des manifestations sur Noël assez sympas et moins commerciales. Enfin, ça fait toujours une bonne excuse pour boire des litres de vin chaud, manger les Manalas de la Saint Nicolas (des brioches en forme de bonhomme) ou les Bredalas (petits gâteaux alsaciens) ou encore de risquer de chopper le diabète en avalant des tranches de Berawecka (un pain aux fruits secs, normalement après on chie du caramel). Mais je reparlerai de toutes ces bonne choses.